vendredi 19 février 2016

Perissoire Melcher

Suite à la récupération d'une périssoire, de type Cauchoise ou d'Etretat, les informations se sont accumulées peu à peu.
Une embarcation en tout point identique comportant la marque constructeur avait permis de relancer les recherches.

Participation aux Régates 1900, la périssoire arrive bien devant les canoës.



Les investigations.

Déchiffrement de la marque du constructeur, un proche parent, m'a fait une transcription qui s'est révélée parfaite, et pourtant la lecture n'était pas facile. Pouvoir accepter "La Talonnette" pour un commerce de bateau, ça semblait mal parti.
"La Talonnette"  ou bien  "La Tonnelle"  ?


Les recherches s'orientent sur Rouen, ville avec une activité maritime et fluviale. Situé sur la Seine bien en aval de Paris.
Ne pouvant me rendre dans l'immédiat à Rouen pour enquêter. J'ai lancé un appel sur un blog de passionnés de la ville.
Parmi eux Fred, il m'a rapporté très rapidement des informations sur le commerce "Jouets en bois et PÉRISSOIRES " tenu par E. MELCHER ébéniste, au n°:19 rue des Faulx. Il a consulté différents annuaires de Rouen.
 

Ces informations sont recoupées  avec Nicolas. Sa voisine, 82 ans, réside dans ce quartier. De son bon souvenir, elle lui a appris qu'il occupait la demeure d'un ancien artisan bois et fabricant de périssoire.
Nicolas par curiosité, a cherché sur la toile et fait lecture de notre précédent article sur le blog:

 
Ensuite j'ai été ravi qu'il me contacte pour partager ses informations.
Rouen 1924




 

Ces bâtiments étaient voués à la destruction

Les bâtisses de la Rue des Faulx  font face à l’ancien jardin de l'abbaye, dénommé aujourd'hui « jardin de l'Hôtel de Ville ».


La photo prise en 1939, relative aux tranchées creusées lors de la 2eme guerre pour se protéger des bombes, montre la boutique LA TALONNETTE (flèche rouge). A gauche au 17 rue des Faulx, il y avait un boucher (flèche jaune), de nos jours la porte a été remplacée par une fenêtre. Ces immeubles étaient pauvres, situés un quartier populaire. Les commerces ont disparus, certains immeubles ont été rénovés d'autres reconstruits, globalement on retrouve encore le charme des maisons à colombages.
Au dos des immeubles, c’est la rue Eau de Robec, une rue très commerçante. Ces rues très actives faisaient alors partie du quartier Saint-Nicaise.

Pourquoi  « La Talonnette » ?

Dans les annuaires de la ville, on sait qu’il se tenait un commerce au 19 rue des Faulx.
        ~  Ainsi en 1886, un horloger et ce jusqu’en 1908.
        ~  Ensuite un cordonnier, mentionné en 1923.
        ~  Enfin en 1928 on trouve notre ébéniste E.Melcher.
A ses débuts, il n’est pas propriétaire du fonds de commerce (c’est Mad.Auvray)
En ouvrant son commerce dans la seconde moitié des années 20, on peut supposer que Edmond Melcher a conservé l’enseigne précédente,  le nom de la devanture  n’étant pas une  priorité pour vivre …  Avant c’était bien un cordonnier. Effectivement le terme ‘ talonnette’  se rapporte plus à une échoppe d’artisan sabotier/cordonnier.
C’est ainsi que  « La Talonnette », perdure et se poursuit avec l’activité suivante, portée par un menuisier-ébéniste, fabricant de petits bateaux, dont la périssoire.

   

Un commerce en plein essor :

Dans l'annuaire de 1937 : Melcher Edmond Jouet en Bois 19 rue des Faulx
Puis notifié en 1950    : Melcher Edmond Jouet en bois et périssoire, au 19 rue des Faulx et l’atelier au 7 rue de la Pomme d'Or.
Ainsi, entre deux guerres, il est devenu propriétaire de son commerce.
Après-guerre il développe son activité, puisqu’un atelier est déclaré au 7 rue de la pomme d’or.





Un témoignage de Guy : 
«  Dans les années 50, rue de la Pomme d’Or,  Il y avait un menuisier qui faisait des bateaux à voiles, j'ai pris le plus grand pour voguer dans le bassin du jardin des plantes. Je l'ai conservé, son nom "La Jeannette" » .  
Ces bateaux à voile étaient des constructions en version réduite.


 Voilà, l'histoire d'une périssoire qui s'est bien étoffée.


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Remerciement aux habitants passionnés de Rouen.


A Fred, merci pour sa spontanéité, ses premières informations, avec photos anciennes et actuelles ont permis de situer le magasin de Melcher.


Le blogueur Nicolas, qui possède une mine d’archive. Voir  http://rouen.blogs.com