vendredi 1 décembre 2017

BAZINET 10 r de Loigny ORLEANS


               


Le constructeur E. BAZINET est inconnu du grand public, voir même des passionnés.
En effet, il reste peu de trace de son activité.

-A ce jour aucun de ces bateaux naviguent sur nos rivières.  

-Une périssoire est en réserve au Musée de la Marine à Châteauneuf/Loire

Récemment une autre périssoire ayant appartenue au peintre Messemin est exposée dans ce même musée. Celle-ci est pontée, peut emmener 3 personnes, et peut être gréé au moyen d'une petite voile. 


-Ce constructeur est nommé dans l’ouvrage « Plaisance en Loire » de Louis PILLON, avec une photo de 1929 ou figure un petit voilier provenant des ateliers de Edmond BAZINET.


-Dernièrement un passionné de Marine, nous a fait découvrir une yole et une périssoire de ce chantier.


Voici pour les seules  traces qui nous sont parvenues.





L’atelier est situé dans les nouveaux quartiers ouest d’Orléans :
  - Le quartier Dunois.

Tout d’abord, un rapide résumé historique. Suite à la défaite de 1870, Orléans, devient une base retranchée de la Capitale. Les jardins, vignes  et vergers laissent place aux casernes, et autour d'une place s'organisent de nouvelles rues avec commerces, artisans.

Ce nouveau secteur attire  une population liée au développement des chemins de fer, de l’enseignement et de l’armée.
                                      

La famille BAZINET est déjà propriétaire début XIXe, Son aïeul, François BAZINET est « Jardinier », il vit de sa culture maraîchère, il réside  Faubourg St Jean au 22 en 1838, puis Quartier des Mares des Solognots en1847

C’est son fils Auguste BAZINET, qui ouvre l’atelier dans la Venelle de la Boëche. Cette venelle se poursuit par la venelle des Vaupulents. Ce nom  vient de "riche et opulente vallée", dans les anciens textes il est écrit "valis opulenta".

Auguste BAZINET est menuisier lors de son mariage en 1870. Ensuite lors du mariage de son neveu en 1893, il est  « constructeur de bateau » dans la nouvelle rue de Loigny au 10. Son atelier est englobé dans la création du quartier.
                                               

Il est tout de même surprenant d’avoir un constructeur de bateaux éloigné à plus d’un km du fleuve.

Probablement, la demande est là. L’influence de Paris et la mode du canotage  ont soufflé sur Orléans.

La marine de Loire va disparaître, supplantée par les voies ferrées. Et le canotage va faire son apparition.   

                      


Son neveu Eugène BAZINET  est devenu menuisier. A-t-il travaillé avec son oncle Auguste ? Dommage,  rien ne le confirme.

Il habite, la rue voisine: au 7 rue de Coulmiers  . Son père Adolphe BAZINET réside au N°6 de la même rue.  

Son apprentissage à certainement été fait dans la famille, il y avait des liens étroits : à sa naissance son oncle Auguste est venu témoigner pour la déclaration en mairie.

Ensuite il sera employé, dans son domaine d’activité à la Société Vierzonnaise (au recensement de 1906).

                    

C’est son fils Edmond BAZINET, qui viendra en renfort dans l’atelier, puis il assurera la relève. Il réside avec  son père au 10 rue de Loigny.

La numérotation de la rue a probablement été refaite. Celle-ci a été réduite. Avant la rue traversait de part et d’autre la place Dunois.

La rue coté Boulevard  a été rebaptisé  et pris le nom du commandant en chef des armées alliées, Ferdinand FOCH qui a officié a l'état-major du 5ième Corps à Orléans. Il vécut au N°5 de cette rue de 1906 a 1908. 
  


Parmi les personnalités, on peut citer Charles Péguy,  né en 1873 dans ce secteur d’Orléans à proximité du faubourg Madeleine.
De 1879 à 1885, il fréquente les classes de l'école primaire annexe de l'école normale d'instituteurs  au Faubourg St Jean, à deux rues de chez notre constructeur de bateau. (voir plan ci-joint) Charles Péguy quittera Orléans avec son baccalauréat en 1891.



Voilà où vit notre constructeur Edmond BAZINET: un  quartier en plein émergence, avec une ville en développement également .


Pour ce dernier constructeur, il reste 3 périssoires, et une yole:  des bateaux pour le plaisir de naviguer. A venir, un prochain article détaillé sur ces embarcations du val de Loire.


Au vu de la conception des bateaux, le menuisier était habile.

Les périssoires sont élégantes, brillamment assemblées pour résister, les sections de bois  ne sont pas trop épaisses, pour garder une légèreté.  Suffisamment large pour assurer une stabilité, il est même possible d’ajouter une voile.



Une périssoire, en tout point identique. 12 km en aval d'Orléans.
                


On notera que notre dernier constructeur Edmond BAZINET, s’est marié avec Germaine SOREAU à Olivet. Tous deux sont pourtant originaires d’Orléans, pourquoi ce choix ?

Olivet c’est tout un symbole, Olivet est renommé pour ses guinguettes et son canotage sur la rivière du Loiret. C'est le lieu de détente où se rendent les Orléanais, pour passer une journée à la campagne et profiter des plaisirs de l'eau. Nul doute qu’une partie de son ouvrage voguait sur la rivière. Les noces, ont probablement été fêtées dans un des restaurants, guinguettes des bords du Loiret, à proximité des loueurs de canots.  
                   



Parmi les archives, BAZINET Auguste, est  le seul constructeur de bateaux recensé sur Orléans (recensements de  1906 et 1911).